Mon parcours pour devenir cycliste professionnel en France
Dans cet article
Publié le 26 décembre 2022
Choisir un coach, s'entraîner seul ou en équipe, fixer ses objectifs, participer à des courses... Guy Tucker, jeune cycliste, vous raconte son parcours et ses conseils pour devenir cycliste professionnel en France.
Avec mon Bac en poche en 2019, j'ai pris la grande décision de refuser la place qui m’attendait à l'université de Nottingham, au Royaume-Uni, et de suivre mon rêve de devenir cycliste professionnel. J'ai fait mes valises et tout laissé derrière moi, pour partir en direction de la Bretagne. Je ne doutais pas de ma motivation et de mon engagement, mais je savais qu'il y avait des sacrifices importants à faire, par exemple ne pas voir mes amis ou ma famille pendant de longues périodes. Je savais aussi qu'on n'a qu'une seule chance dans la vie, et que celle-ci était la mienne.
Crédit photo : Justine Morizet
Pour vous donner un peu de contexte, revenons 3 ans en arrière, au moment où j'ai décidé de me lancer dans le triathlon. Ma première année, j'ai terminé à peu près 9ème sur 12 dans ma ligue locale de triathlon. Deux ans plus tard, j'ai terminé 10ème sur 80 dans la ligue nationale britannique de triathlon et j'ai même représenté l'équipe de Grande-Bretagne à la super ligue. Avec cette performance en mémoire, je savais que je pouvais appliquer la même mentalité et discipline au cyclisme.
J'ai travaillé avec mon entraîneur James McLaughlin qui m'a donné l'idée de partir à l'étranger. Il avait couru pour de nombreuses équipes de DN1 en France, puis pour des équipes continentales UCI en Autriche et en Angleterre. Avec ses conseils, je suis arrivé en France en tant qu'U23 de première année avec un manque d'expérience de la course sur route. Excité par de nouveaux défis, je ne savais pas que j'entrais dans un nouveau monde du cyclisme lorsque j'ai posé le pied en Grande-Bretagne.
Le vélo en Bretagne : une passion partagée
Après mon arrivée à la fin du mois de juin, les premières semaines ont été consacrées à l'entraînement et à la familiarisation avec les routes tranquilles et lisses, les vues panoramiques et les nombreuses boulangeries. Je n'avais jamais vu aussi peu de voitures sur les routes, et cela a rendu l'entraînement tellement plus facile et plus sûr. Ma première année en France, je ne faisais pas partie d'une équipe, et il était très excitant d'aller aux courses et d'essayer de participer. Parfois ça marchait, parfois non.
Crédit photo : Mickaël Gilson - DirectVelo
Je me suis décidé pour la Bretagne, car c'est là que se trouvait mon entraîneur depuis de nombreuses années. Je suis heureux d'y être allé, car les courses amateurs en Bretagne sont considérées comme étant parmi les plus difficiles de France. Il y a aussi tellement de courses chaque semaine qu'il est difficile de choisir celles que l'on veut faire. Le seul inconvénient est la météo, qui n'est pas très différente de celui du Royaume-Uni...
Je n'avais pas beaucoup couru au Royaume-Uni avant de venir en France et je ne savais pas à quoi m'attendre. La course est une chose, mais l'événement en est une autre. L'organisation, les foules et les infrastructures en place sont impressionnantes. Venant du Royaume-Uni, c'est génial de participer à une course pendant que les gens t’encouragent depuis le bord de la route, quelque fois en faisant des barbecues. Cela fait de l'événement une partie intégrale du calendrier social de la ville. C'est rare au Royaume-Uni, car pour beaucoup de courses, les coureurs ne peuvent utiliser qu'une moitié de la route – l'autre côté reste ouvert à la circulation. La plupart des villages et villes bretons qui organisent une course accueillent l'événement, et les entreprises locales sponsorisent les courses et les habitants viennent les regarder. J'ai été ravi de faire l'expérience de cet accueil chaleureux ; je courais en catégorie 3 et j’imaginais ce genre d’organisation et de mobilisation citoyenne uniquement pour des grandes courses nationales d'élite, mais non, c'est pour tous les niveaux et tous les âges.
Comment devenir pro en France en tant qu’étranger
De nombreux coureurs britanniques partent en Europe pour devenir professionnels car les opportunités sont plus nombreuses à l'étranger. Par exemple, le nombre d'équipes amateurs françaises par rapport au Royaume-Uni est plus élevé, le nombre de courses et le budget impliqué au niveau DN sont plus importants. Au niveau DN1, la plupart des coureurs français ont un meilleur salaire, et souvent un meilleur calendrier UCI que celui du coureur de l'UCI continental britannique. De nombreux coureurs partent également dans d'autres pays tels que la Belgique, l'Espagne et l'Italie, mais cela dépend beaucoup du profil du coureur. Par exemple, les grimpeurs partent souvent en Italie ou vivre dans le sud de la France, tandis que les sprinters préfèrent partir en Belgique.
Crédit photo : Mickaël Gilson - DirectVelo
Malheureusement, pour de nombreux coureurs britanniques, partir à l’étranger est devenu extrêmement difficile après le Brexit. Par chance, étant donné que je suis arrivé en France en 2019, j'ai pu acquérir la résidence française car j'étais sur le territoire avant la date limite du Brexit. Cependant, ce n'est pas la même chose pour de nombreux cyclistes britanniques aujourd’hui, qui doivent compter sur les nouvelles règles administratives, les limitant beaucoup sur le nombre de jours possibles en France. Sans ma résidence, j'aurais dû chercher à obtenir un visa, ce qui est un processus délicat, et mes opportunités auraient été bien plus limitées.
Personnellement, n'ayant jamais appris le français à l'école, l'aspect linguistique a été difficile au début, mais j'y arrive peu à peu et je suis satisfait de ma progression. La barrière linguistique a rendu quelque peu chaotique ma poursuite d’études en France et la recherche d'emploi. Jongler avec une formation à temps plein et s'engager dans un sport à un niveau professionnel est mon challenge en 2023, mais je vais le relever !
Quel rythme d’entrainement adopter ?
J’ai passé mes premiers hivers au Royaume-Uni, mais mes parents ont récemment déménagé au Portugal, ce qui m'offre un endroit idéal pour m'entraîner pendant l'hiver et rouler longtemps, à mon rythme. Il est vital pour moi d'avoir un entraîneur qui fixe mon entraînement chaque semaine. Il est important de savoir quand s'entraîner et quand se reposer - se reposer correctement est tout aussi important que de faire des séances aussi intenses que possible. Au cours des premiers mois qui suivent l'intersaison, je me concentre sur le développement de ma masse musculaire avec un peu de gym et de tempo. À mesure que le début de la saison, qui commence début février, se rapproche, je peux me concentrer davantage sur l'intensité. Quel que soit votre objectif, il est important d'avoir un coach pour tirer le meilleur parti de l'entraînement, que ce soit pour parcourir 100 kms pour la première fois, pour une course cyclosportive ou pour passer professionnel.
La saison dernière, je roulais pour une équipe de DN2, ES Torigni, basée en Normandie. Ce fut une année difficile pour passer au niveau Elite après avoir participé principalement à des courses sur circuit de catégorie 2, mais j'ai beaucoup progressé. Un moment fort a été ma 3ème place au Prix de Saint-Pierre-de-Semilly en Toute Cat (1,2,3). Je me souviens encore de ma première année en France où je n’ai pas pu terminer ma première Toute Cat, quelle déception ! L'année prochaine, je passe à Lescar VS. J'avais besoin d'un changement et déménager dans les Pyrénées était la bonne décision pour moi, même si cela signifie redescendre en DN3. J’attends avec impatience un calendrier de courses plus montagneuses ainsi que des courses à étapes en Espagne. 2022 m'a bien préparé pour 2023 où je pourrai me concentrer uniquement sur les championnats nationaux d'élite après avoir trouvé mes marques en 2022.
2 commentaires
C’est top ça Guy, continue à croire en tes rêves, c’est sûr ça va payer!!
Belle saison 2023 !
Wow great read. You have worked so hard Guy and super proud of your dedication and hard work. Here’s hoping 2023 is successful for you.